Fascinée depuis toujours par la gestuelle répétitive de l’écriture, je pense aux lignes de lettres appliquées de mon enfance, aux entrelacs de mots à peine lisibles sur mes vieux buvards d’écolière, témoins de mes efforts assidus, aux gribouillis tracés sur un bout de papier pendant un bavardage téléphonique, une heure d’attente ou d’ennui, aux mots qui parlent une autre langue que je ne comprends pas, aux reflets des joncs dans un étang comme des hiéroglyphes mystérieux, aux traces laissées dans le sable par les insectes… Autant d’écritures, autant de rêveries qui ont donné naissance aux Écritures Tissées.

Sur une plaque de contre-plaqué ou médium recouverte d’une peinture à la colle de peau de lapin mélangée avec du blanc d’Espagne, des pigments et de la poudre de graphite, je maroufle une feuille de papier chinois, sur lequel j’écris à la plume avec des encres de couleurs un haïku que je répète en boucle dans différents sens et de différentes tailles jusqu’à obtenir une matière graphique, un tissage de mots.